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PENSER-LUTTER AVEC BURE

  • Programme
    • 14 Novembre – Première séance : Conditionner et Punir
    • 11 Décembre – Femmes, féministes et luttes anti-nucléaires
    • 8 Janvier – L’enfouissement des déchets, retour sur une politique de temps long
    • 11 février – L’enfouissement, le bluff du consensus international ?
    • 12 mars – Vivre dans un monde contaminé
    • 9 avril – Une autre fin du monde est possible !
    • 14 mai – Transition énergétique et réseaux, une contre-histoire
    • 11 juin – La télévision de l’atome
  • Ressources
  • Contacts – A propos

12 mars – « Vivre, Lutter et s’émanciper dans un monde contaminé»

La séance aura lieu en salle 13, 105 boulevard Raspail, 75006 Paris

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« Nous n’avons pas peur des ruines. Nous sommes capables de bâtir aussi. C’est nous qui avons construit les palais et les villes d’Espagne, d’Amérique et de partout.
 
 
   Nous, les travailleurs, nous pouvons bâtir des villes pour les remplacer. Et nous les construirons bien mieux, aussi nous n’avons pas peur des ruines. Nous allons recevoir le monde en héritage. La bourgeoisie peut bien faire sauter et démolir son monde à elle avant de quitter la scène de l’Histoire. Nous portons un monde nouveau dans nos coeurs. » 
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Ainsi parlait le célèbre révolutionnaire Buenaventura Durruti en 1936 dans les tourments de la guerre civile espagnole et sa tentative de révolution sociale. Près d’un siècle de développement industriel plus tard la prédiction de l’espagnol se lit avec un certain sens tragique, ou ironique. Les ruines du monde qui nous est légué en héritage sont bien plus que des églises calcinées, des palais vides ou des usines rouillées. Le changement climatique, l’extinction massive des espèces, les contaminations chimiques et radioactives semblent boucher tout horizon de transformation sociale. «Ce qu’aucun tyran n’avait jamais réussi : imposer sa domination pour 24 000 ans (la demi-vie du plutonium 239), le nucléaire y est parvenu. » disait en 1987, après Tchernobyl, le « Comité Irradiés de tous pays ».
 
Ainsi, l’une des vieilles perspectives « révolutionnaire« , la réappropriation collective des moyens de production, semble comme impossible, non pertinente, flottant suspendue au-dessus d’un monde qui ne semble plus offrir de prises. « Nous sommes capables de bâtir aussi », mais quoi, comment, où ? Comment se réapproprier un monde qui semble de plus en plus ravagé, « ruiné » ? Quelles perspectives émancipatrices désirables peuvent encore être tracées au beau milieu de territoires « contaminés » – par des pollutions chimiques et radioactives, par des méga-projets infrastructurels, par l’extension de l’agroindustrie et la marchandisation générale du vivant ?  « Comment lutter contre un événement qui a déjà eu lieu ? » s’interrogent les traducteurs·trices de l’ouvrage « Fukushima et ses invisibles » Comment simplement continuer à y vivre ? Comment retisser du commun là où les solidarités semblent effondrées ? 
 
Nous faisons l’hypothèse que la problématique de comment « vivre, lutter et s’émanciper » dans des territoires « contaminés », dans les « ruines du capitalisme» – une production continue de ruines, qui inclut aussi bien nos propres corps et nos propres esprits – semble de plus en plus s’imposer comme une question majeure de notre époque.
 
Dans la séance de ce séminaire nous n’apporterons aucune grande réponse générale. Nous partirons plutôt d’exemples de vies et de luttes menées depuis des territoires situés en nous attachant à comprendre les questions qui les travaillent. 
 
Nous introduirons la séance par un rapide retour réflexif sur des tentatives politiques en cours en Lorraine (de l’installation autour de Bure à des promenades dans les bastions sidérurgistes désaffectés du nord de la Lorraine).
Puis nous poursuivrons avec des témoignages et des récits venus de Fukushima et ses environs par Sophie, anthropologue, qui fera un retour sur la manière dont la vie quotidienne s’organise autour de la région, et des membres du collectif de traduction de l’ouvrage « Fukushima et ses invisibles » paru en 2018, qui partageront avec nous les expérimentations et les problématiques qui ont traversé différentes franges du mouvement antinucléaire japonais pris dans cette catastrophe qui continue. 
Nous partirons ensuite avec Malcom, en Martinique où une grande partie des terres sont contaminées pour plusieurs centaines d’années par l‘insecticide «chlordécone» utilisé massivement dans les plantations de bananeraies jusque dans les années 90s. Comment se vivent et s’articulent les luttes contre cet empoisonnement massif, au-delà de l’aspect médiatisé de « scandale sanitaire » ? 
Si le temps le permet, nous ferons un rapide survol par le Salento, une petite région des Pouilles en Italie où, dans le mouvement « NO-TAP », des habitants tentent de se soulever contre un méga-projet de gazoduc pour défendre leur pays. Et où tout un faisceau de luttes s’oppose à la poursuite du ravage industriel de cette région qui compte un taux de cancer du poumon énorme (plus grande aciérie d’Europe Ulva à Tarente, industrialisation des plantations traditionnelles d’oliviers pour des prétextes sanitaires, etc). 
Enfin nous ouvrirons à une discussion que nous souhaitons la plus constructive possible.
 
 
POUR PRÉPARER LA SÉANCE
 
Ouverture : De Bure à Longwy, vivre et lutter dans les ravages industriels en Lorraine 
  • « Il faut faire un désert agricole pour faire un désert nucléaire » https://www.jefklak.org/il-faut-avoir-cree-un-desert-agricole-pour-batir-un-cimetiere-du-nucleaire/
  • Documentaire d’Isabelle Masson-Loodts, « Un héritage empoisonné »
  • Bure, la bataille du nucléaire, 2017, Reporterre, Gaspard d’Allens et Andrea Fuori

Sur Longwy :

  • « En mémoire de la république populaire de Longwy », Gérard Noiriel https://noiriel.wordpress.com/2019/02/06/en-memoire-de-la-republique-populaire-de-longwy/ 
  • « Un haut-fourneau sur le golf: retour à Longwy », décembre 2018, (http://www.nouveaujourj.fr/tele/295-un-haut-fourneau-sur-le-golf-retour-a-longwy).
  • « Longwy Power », décembre 2017, http://cqfd-journal.org/Longwy-power
 
Fukushima
  • Sophie Houdart, 2019, « Fukushima, l’expérience en partage », dans Critique, n°860-861, pp. 70-86
  • Sophie Houdart, 2017, « Les répertoires subtils d’un terrain contaminé », dans Techniques & culture, n°68, pp. 88-103
  • Collectif, « Fukushima et ses invisibles« , Les Éditions des mondes à faire, 2018.
  • Nadine et Thierry Ribault, « Les sanctuaires de l’abyme: chronique du désastre de Fukushima », 2012, Editions de l’encyclopédie des nuisances  
  •  Collectif Arkadi Filine, « Oublier Fukushima« , 2012, aux Editions du bout de la ville
 
Les Antilles françaises en lutte contre le chlordécone 
  • Malcom Ferdinand, 2015, « De l’usage du Chlordécone en Martinique et en Guadeloupe: l’égalité en question, Revue française des affaires sociales, vol. 1-2, pp. 163-183
  • Malcom Ferdinand, « Penser, l’écologie depuis le monde caribéen : Enjeux politiques et philosophiques de conflits écologiques (Martinique, Guadeloupe, Haïti, Porto Rico) » thèse soutenue le 30 septembre 2016, Paris 7: http://theses.md.univ-paris-diderot.fr/FERDINAND_Malcom_1_va_20160930.pdf
  • Jean-Baptiste Fressoz, 20 juin 2018, « Les Antilles françaises sont comme l’Ukraine et la Biélorussie après Tchernobyl », dans Le Monde https://www.herodote.net/Textes/chlordecone.pdf
 
La région du Salento (Italie, Pouilles) et la lutte NO TAP
  • Collectif Mauvaise Troupe : « NO TAP : un an et demi de lutte contre le gazoduc transadriatique » https://mauvaisetroupe.org/spip.php?article226 

  • Andrea Fuori, Reporterre, « Dans le sud de l’Italie, des petits villages résistent à un projet de gazoduc géant », https://reporterre.net/Dans-le-sud-de-l-Italie-des-petits-villages-resistent-face-a-un-gazoduc-geant 

  • Guerin Coline, S!lence, « Un lieu à soi : Mamme NO TAP : une ZAD des mamans en Italie » Numéro 475 – Février 2019

 
Les articles suivants peuvent être téléchargés pour préparer la séance :
 

– Sophie Houdart, 2019, « Fukushima, l’expérience en partage », dans Critique, n°860-861, pp. 70-8
Télécharge
– Malcom Ferdinand, 2015, « De l’usage du Chlordécone en Martinique et en Guadeloupe: l’égalité en question, Revue française des affaires sociales, vol. 1-2, pp. 163-183 Télécharger
– Nicolas Césard et Romain Garrouste, 2017, Les boudragues ou la nuisance à venir. Vivre avec les insectes dans l’anthropocène« Techniques & Culture »
Vol. 22 n° 68, pp 84-87
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