Attention, la date de la séance a été modifiée. Cette séance aura lieu le lundi 11 février, à 18h, au 96 Boulevard Raspail, 75006 Paris (salle tout de suite à droite au rdc).
La place du nucléaire en France est extraordinairement importante et l’accumulation de déchets nucléaires s’y pose d’une manière particulièrement criante. L’évacuation géologique des déchets nucléaires est toutefois la solution de gestion de référence plébiscitée par les différentes organismes supranationaux en charge des affaires nucléaires (AIEA, AEA, CIPR). De part le monde, très peu de projets sont encore réellement engagés. En quelques décennies d’existence seulement, plusieurs d’entre eux, comme les projets allemand de Asse ou états-uniens du Wipp, montrent davantage le désastre en cours qu’une réelle maîtrise. Néanmoins, le consensus international autour de l’enfouissement sert toujours d’argument d’autorité pour justifier le recours à cette solution en France notamment. Depuis la Seconde guerre mondiale, d’autres méthodes d’« élimination » des déchets nucléaires ont été engagées. Loin d’être moins problématiques que l’enfouissement, l’immersion ou la dispersion des déchets nucléaires dans l’environnement sont aujourd’hui interdites mais ont des conséquences environnementales importantes.
Décentrant notre regard du projet Cigéo porté par l’Andra, cette séance s’articulera autour de trois thématiques. Tout d’abord, nous nous pencherons sur le travail de l’historien Jacob D. Hamblin autour de la restriction de l’immersion des déchets radioactifs par la Convention de Londres de 1972. Ce sera l’occasion de revenir sur la controverse d’après-guerre entre biologistes et physicien.nes sur les effets de la dissémination de radionucléides de l’environnement et sur la diplomatie de l’atome durant la Guerre froide. Dans un second temps, nous reviendrons sur l’histoire de la catastrophe soviétique de Mayak lors de laquelle l’explosion d’une cuve de déchets nucléaires liquides dispersa massivement des radionucléides dans l’environnement. Nous reviendrons avec une militante russe sur les conséquences sanitaires actuelles de cet événement et sur la lutte menée aujourd’hui contre le secret qui entoure encore cette histoire et pour que la responsabilité des morts de la région soit établie. Enfin, nous interrogerons le rôle politique du consensus international autour de l’évacuation géologique des déchets nucléaires. Ainsi, nous questionnerons notamment comment les différences technologiques entre le projet Cigéo et les projets en cours dans d’autres pays influent sur la « mise en politique » de la gestion des déchets nucléaires.
Quelques ressources pour préparer cette séance.
Manzurova, Natalia Borisovna, Tatiana Kasperski, et Sezin Topçu. « De Maïak à Tchernobyl, la « guerre » radioactive : une liquidatrice témoigne. Entretien avec Natalia Borisovna Manzurova ». Mouvements, no 87 (2016). http://mouvements.info/de-maiak-a-tchernobyl/
Un mystérieux nuage. Reportage d’Elise Menand et Vincent Piffeteau diffusé dans « Envoyé spécial » le 18 janvier 2018. https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/video-un-mysterieux-nuage_2566145.html
Fuori, Andréa. « Le casse-tête international des déchets radioactifs ». Reporterre, 5 juin 2018. https://reporterre.net/Le-casse-tete-international-des-dechets-radioactifs